Paris 

20/03/2006  

Quand on parle de Patrick Bruel, maintenant, il faut penser un peu plus collectivement. Il sort son nouvel album, Des souvenirs devant, alors que son épouse, Amanda Sthers, présente sa pièce Le Vieux Juif Blonde depuis quelques jours au théâtre des Mathurins. Et il ne cache pas, dans son nouveau disque, combien s’être marié et avoir fondé une famille est pour lui un bouleversement, tantôt par le bonheur, tantôt par une sorte d’inquiétude sourde.

Rencontre avec un chanteur heureux mais pressé : il commence dans quelques semaines le tournage d’Un secret, de Claude Miller, d’après le roman de Philippe Grimbert, dans lequel il va incarner toute la vie d’un homme, de sa jeunesse à sa vieillesse. Et il a au moins un autre projet de film avant le début de sa tournée, le 17 octobre.

RFI Musique : On imagine que vous êtes content de votre nouveau disque…
Patrick Bruel : Certes, je ne pense pas, depuis le début, avoir dit autre chose d’un disque que je venais de faire. L’album précédent s’appelait Juste avant et il y avait ces mains de femme anonyme qui entouraient ce visage qui regardait vers le bas. Simplement, celui-ci donne un visage à ces mains, donne un sens au présent, au futur, au passé. Je ne dis pas que tout change radicalement, mais il y a une perception avant et après, qui n’est pas vraiment la même.

Le fameux choc de la paternité tardive ?
On est animé par deux sentiments qu’on ne connaissait pas avant. D’abord, l’amour. Moi je ne savais pas, je n’ai jamais aimé avant. Cet amour n’arrive pas tout seul, il arrive avec un sentiment antinomique, qui est la peur. Je ne la connaissais pas non plus : un morceau de votre cerveau toujours avec lui – ou eux. L’angle de la table auquel il peut se cogner, des images de télévision, des phrases dans la cour d’école… Ça occupe beaucoup de temps, ça fait regarder les choses différemment, ça fait se poser beaucoup de questions. Des choses que je croyais essentielles ne le sont peut-être plus…

Amanda Sthers signe ou cosigne trois chansons de votre album. La vie de couple s’étend-elle jusqu’à l’écriture des chansons ?
Je n’ai pas eu le choix, en fait. Nous avions écrit ensemble une chanson pour Isabelle Boulay, En t’attendant, une chanson pour le Téléthon, Arc en ciel. Et puis elle m’a donné le texte de Je fais semblant alors que je n’arrivais pas à me mettre à écrire mon disque. Et c’était un beau texte. Vous savez, je suis un mercenaire. Je ne fais travailler personne pour me faire plaisir. Mais quand on a quelqu’un de talent à ses cotés, on aurait tort de s’en priver. La meilleure personne pour écrire ces trois chansons, c’est elle. La meilleure personne pour produire mon disque, c’est David Moreau, mon frère.

Vous allez assez loin dans l’autobiographie et la confidence…
J’ai toujours fait des albums autobiographiques. Habituellement, le propos n’est peut-être pas passionnant jusqu’à faire la matière de deux ou trois chansons. Là, il y avait la matière pour plus...

Sur vos disques, il est souvent arrivé que l’on ait l’impression d’entendre des Bruel différents d’une chanson à l’autre. Dans ce disque, en revanche, l’impression de cohérence est très nette.
Sans doute parce que ce disque a été réalisé sur un temps assez ramassé, à part Où sont les rêves. Cette chanson avait failli être dans l’album précédent. En l’enregistrant pour celui-ci, Gérard Presgurvic et Marie-Florence Gros étaient présents. C’est l’arrangement qui l’a rendu très cohérente avec les autres chansons du disque.

Justement, les arrangements de l’album évoquent largement la pop des années 70.
Au commencement, j’ai dit à David que, musicalement, les références étaient les musiques qui m’ont donné envie d’en faire – il avait entre deux et sept ans quand je les écoutais, entre 1972 et 1978. J’avais envie d’un son chaud, un peu vintage.

Dans Où sont les rêves, vous citez "Harrison, Polnareff, Brassens". C’est votre panthéon de l’époque ?
C’est un panthéon possible. Tout le monde est passé dans ce vers, Maxime Le Forestier, Lavilliers, Higelin, Ferré, Dylan, Renaud… Polnareff est arrivé en dernier parce qu’en entrant dans le studio, Presgurvic a entendu l’intro de la chanson et a dit : "Tiens, ça fait Polnareff".

On remarque évidemment beaucoup Peuple impopulaire, sur un texte de  Victor Hugo qui semble commenter les émeutes de banlieue de la fin de l’année dernière : "Il fallait leur donner leur part de la cité/Et votre aveuglement produit leur cécité".
J’avais cette musique depuis trois ans et une phrase : "J’aurai ma place dans cette impasse". Je ne savais pas de quoi ça allait parler – l’ascension sociale, la mienne, celle d’un footballeur... Arrivent ces émeutes. Tous les soirs, avec David, nous sortions du studio, à Montreuil, où nous faisions la pré-production de l’album, et nous tombions sur des voitures qui brûlaient. On s’est dit que la chanson devait parler de ça. J’ai eu du mal à écrire le texte et c’est ma femme qui m’a emmené vers Victor Hugo, vers ce texte écrit il y a 135 ans et qui a l’air écrit vendredi dernier.

Eh oui, le nouveau blog officiel de Patrick est sorti il y a quelques jours ! Quelle surprise ! On se doutait de l'apparition d'un nouveau site, d'un nouveau design... mais d'un blog, pas vraiment. Alors la surprise fut grande et la joie immense (bon, c'est pas Patrick aux commandes mais c'est tout comme). L'adresse reste la meme que le site.

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Aujourd'hui, c'est la St Patrick !!!